samedi 28 mars 2020

LECTURES SPECIAL CONFINEMENT

Pour occuper vos longues journées enfermées, je vous suggère quelques lectures. Les titres que je vous propose se divisent en deux catégories : les accessibles en ligne car tombés dans le domaine public (autrement téléchargeables légalement et gratuitement) et les autres (que vous trouverez peut-être dans vos bibliothèques ou que vous pouvez acheter - et vous faire livrer…).

Rien d’obligatoire, mais ceux qui le souhaitent peuvent me rendre un carnet de lecture, autrement dit un compte-rendu de lecture personnel. Cette note sur 20 sera facultative et intégrée dans la moyenne du 3ème trimestre.

Ce carnet de lecture consiste en deux éléments
    • Une carte mentale qui résume le livre avec 4 branches : personnages, époque, lieux, actions ou moments de l’histoire
    • Un avis sur le livre en une vingtaine de lignes

Les lectures accessibles en ligne (avec lien téléchargeable) :

Les autres lectures :
    • Harlan Coben : Ne le dis à personne ; A découvert
    • Delphine de Vigan : No et moi ; Rien ne s’oppose à la nuit
    • Maylis de Kerangal : Corniche Kennedy ; Réparer les vivants
    • Daniel Keyes : Des Fleurs pour Algernon
    • Stephen King : Marche ou crève ; La Ligne verte
    • Romain Puertolas : L’Extraordinaire Voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa

jeudi 26 mars 2020

vendredi 20 mars 2020

« tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. »

« Quand je m’y suis mis quelquefois à considérer les diverses agitations des hommes et les périls et les peines où ils s’exposent dans la Cour, dans la guerre, d’où naissent tant de querelles, de passions, d’entreprises hardies et souvent mauvaises, etc., j’ai dit souvent que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. Un homme qui a assez de bien pour vivre, s’il savait demeurer chez soi avec plaisir, n’en sortirait pas pour aller sur la mer ou au siège d’une place. On n’achète une charge à l’armée si cher, que parce qu’on trouverait insupportable de ne bouger de la ville. Et on ne recherche les conversations et les divertissements des jeux que parce qu’on ne peut demeurer chez soi avec plaisir. Etc.

Mais quand j’ai pensé de plus près et qu’après avoir trouvé la cause de tous nos malheurs j’ai voulu en découvrir la raison, j’ai trouvé qu’il y en a une bien effective et qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faible et mortelle, et si misérable que rien ne peut nous consoler lorsque nous y pensons de près.

Quelque condition qu’on se figure, où l’on assemble tous les biens qui peuvent nous appartenir, la royauté est le plus beau poste du monde. Et cependant, qu’on s’en imagine accompagné de toutes les satisfactions qui peuvent le toucher. S’il est sans divertissement et qu’on le laisse considérer et faire réflexion sur ce qu’il est, cette félicité languissante ne le soutiendra point. Il tombera par nécessité dans les vues qui le menacent des révoltes qui peuvent arriver et enfin de la mort et des maladies, qui sont inévitables. De sorte que s’il est sans ce qu’on appelle divertissement, le voilà malheureux, et plus malheureux que le moindre de ses sujets qui joue et qui se divertit.

De là vient que le jeu et la conversation des femmes, la guerre, les grands emplois sont si recherchés. Ce n’est pas qu’il y ait en effet du bonheur, ni qu’on s’imagine que la vraie béatitude soit d’avoir l’argent qu’on peut gagner au jeu ou dans le lièvre qu’on court, on n’en voudrait pas s’il était offert. Ce n’est pas cet usage mol et paisible et qui nous laisse penser à notre malheureuse condition qu’on recherche ni les dangers de la guerre ni la peine des emplois, mais c’est le tracas qui nous détourne d’y penser et nous divertit. »

- Blaise Pascal, Les pensées, Lafuma 136, Brunschwicg 139.

jeudi 19 mars 2020

« On allait ! En avant ! » (Victor Hugo, « Ô soldats de l'an deux ! »)

« Ils allaient, fiers, joyeux...  »
Trois jours de « continuité pédagogique » et l’on peut déjà se livrer à un premier bilan. La situation que nous vivons est la suivante : très vite, on nous a demandé à nous, enseignants, de faire nos cours « comme si on était en classe, en gardant le même rythme ». Donc dès lundi, pour la plupart d’entre nous, nous avons posté notre organisation hebdomadaire, travail, exercices et devoirs maintenus. Et très vite les familles et les élèves ont montré leur bonne volonté en rendant les travaux demandés en temps et heure.
D’où une abondance de questions émanant tant des élèves que des parents et parfaitement légitimes. J’en ai listé quelques unes (attention, copiés-collés dans leur « jus »), ainsi que mes réponses.
« je rencontre quelques difficultés pour faire les exercices du manuel en ligne ; les réponses ne se valident pas . Et il n'est pas possible de faire un choix multiple Comment faut-il faire ? » -> J’ai contacté le site et attends leur réponse. Les années précédentes, cela fonctionnait mais l’abondance de connexions a changé la donne.
« bonjour les exercice demander sont a faire directement sur le manuel numérique ? si oui alors prévenez moi  » -> Oui, si possible : ce sont des entraînements et n’ont pas vocation à être systématiquement évalués. Et NON, je ne ne « préviendrai » pas individuellement mes 117 élèves.
« Je vous contacte aujourd'hui pour vous demander qu'est-ce qu'on doit faire après avoir cliqué sur le lien mis avec les devoirs ( exercice 1 pages 280, exercices 2 et 6 p 281) ? » -> Faire les exercices, si c’est possible.
« Je viens vous demander, si vous le voulez bien, m'expliquer ce qu'il faut faire comme travaille pour aujourd'hui car je n'a pas tout compris. » -> Cela m’est impossible d’expliquer individuellement.
Mon enfant « fait actuellement ses exercices sur son livre.  Allez-vous envoyer une correction ou doit-elle les faire seulement en ligne ? » -> Oui, l’envoi d’une correction est prévue, après la date prévue de retour.
« Pouvez-vous m’envoyer une confirmation de réception ? » Non.

« L’intendance suivra »
 Il s’avère que cette organisation n’est pas tenable pour un certain nombre de raisons pratiques et concrètes.
 D’abord il y a le facteur humain : l’enseignant est un homme, une femme, un parent, un enfant de personne âgée. Qui lui aussi a les mêmes interrogations que les autres citoyens. Les mêmes inquiétudes. Et les mêmes soucis logistiques.
Car vient ensuite le facteur matériel, non des moindres. L’enseignant travaille chez lui avec ses outils personnels : ordinateur, webcam éventuellement, micro plus éventuellement encore. Avec une connexion plus ou moins aléatoire selon son lieu de résidence. Et d’autres membres de sa famille susceptibles d’utiliser les mêmes outils au même moment.
Enfin plus que tout autre, l’enseignant sait ce qu’implique gérer des enfants ou des adolescents au sein d’un lieu fermé. C’est même l’essentiel de son métier, en fait. Du coup, il prend bien la mesure de ce que cela doit représenter pour les novices. Car il s’agit non seulement de les gérer mais aussi de les faire travailler.
De même dans les familles, on est en train d’apprendre à se partager les outils informatiques ou autres (et les connexions) et se partager tout court, entre ravitaillement, assistance aux devoirs, organisation de son propre télé-travail ou travail tout court. « L’intendance suivra », aurait dit le général De Gaulle. Qui a également dit : « Les choses capitales qui ont été dites à l’humanité ont toujours été des choses simples. »

« Et pourtant... »
C’est pourquoi la situation va nous amener à envisager différemment. Et plus simplement.
Sauf que… RGPD.
Autrement dit le règlement général sur la protection des données.
 Ce qu’il faut retenir, c’est oui, plein de choses existent pour le partage, l’échange, la mutualisation (et merci de suggérer tous ces outils), mais non, nous ne pouvons pas les utiliser comme ça. Il faut entrer dans le cadre légal. Et actuellement, le cadre légal, il est confiné dans les autorisations qui ont pu être signées par les parents en cours d’année et où ce cas-là n’avait sûrement pas été envisagé.
Pourtant il faut avancer. Constater. Que par exemple les collégiens n’utilisent plus de mail (ou empruntent ceux de leur parents), préférant les applications de message. Que personnellement, en invitant mes élèves à utiliser la fonction DM (Direct Message) sur Instagram, je reçois bien plus de travaux sur ce canal-là que via les autres. Certes ce sont des photos de cahiers, voire des feuilles volantes plus ou moins artistiquement posées sur des tables ou des jambes, mais néanmoins, je les ai, mes travaux. Et postés à des heures pas très scolaires, il faut bien l’avouer… Après, le plus difficile, c’est parfois d’identifier le destinataire, car le pseudo n’est pas toujours évident. Même si je n’en suis pas là :
Source : Twitter
La morale de l’histoire ? Il faut s’adapter. Tout le temps. Mais ne pas oublier le cadre juridique, qui reportera son nez une fois l’épisode - car soyons positifs, il s’agit d’épisode, et tôt serons revenus dans nos salles - passé. Avec effet-retard. Et ne pas oublier également la facétie d’un public collégien notamment. Qui dit que le cours Skypé d’un enseignant ne va pas, d’ici quelques semaines, se retrouver en captures d’écran plus ou moins flatteuse pour l’intéressé ? Ou remonté ?
Mais « en même temps », il faut reconnaître que cela nous pousse à innover. Encore et encore. Ce que nous allons faire. Encore et encore. En bons petits soldats, pour reprendre le poème de Victor Hugo que je citais en titre, chantant, allant, « l'âme sans épouvante et les pieds sans souliers ! »

mercredi 18 mars 2020

Zen, restons zen - le bon plan de Petit Bambou

Les programmes de méditation jeunesse Petit BamBou vous propose en ce moment d'accéder plus largement aux programmes enfants, ados et étudiants, habituellement disponibles sur abonnement, en espérant qu'ils apportent un peu de douceur dans vos maisons...
Lien ICI.

mardi 17 mars 2020

A découvrir à l'occasion du confinement : le roman d'Albert Camus, La Peste

Nous avons déjà évoqué cet auteur à plusieurs reprises, notamment dans le cadre du projet Sport, à cause de son amour du football. Mais c'est aujourd'hui un de ses plus célèbres romans qui s'avance sur le devant de l'actualité :


« Naturellement, vous savez ce que c'est, Rieux?
 – J'attends le résultat des analyses.
– Moi, je le sais. Et je n'ai pas besoin d'analyses. J'ai fait une partie de ma carrière en Chine, et j'ai vu quelques cas à Paris, il y a une vingtaine d'années. Seulement, on n'a pas osé leur donner un nom, sur le moment... Et puis, comme disait un confrère : "C'est impossible, tout le monde sait qu'elle a disparu de l'Occident." Oui, tout le monde le savait, sauf les morts. Allons, Rieux, vous savez aussi bien que moi ce que c'est...
– Oui, Castel, dit-il, c'est à peine croyable. Mais il semble bien que ce soit la peste. »

(Résumé de la quatrième de couverture dans la collection Folio n°42, parution le 25/02/1972 - 368 pages)

Extraits :

Page 42 : la réaction


Le mot de "peste" venait d’être prononcé pour la première fois. A ce point du récit qui laisse Bernard Rieux derrière sa fenêtre, on permettra au narrateur de justifier l’incertitude et la surprise du docteur, puisque, avec des nuances, sa réaction fut celle de la plupart de nos concitoyens. Les fléaux, en effet, sont une chose commune, mais on croit difficilement aux fléaux lorsqu’ils vous tombent sur la tête. Il y a eu dans le monde autant de pestes que de guerres. Et pourtant pestes et guerres trouvent les gens toujours aussi dépourvus. Le docteur Rieux était dépourvu, comme l’étaient nos concitoyens, et c’est ainsi qu’il faut comprendre ses hésitations. C’est ainsi qu’il faut comprendre ses hésitations. C’est ainsi qu’il faut comprendre aussi qu’il fut partagé entre l’inquiétude et la confiance. Quand une guerre éclate, les gens disent : "ça ne durera pas, c’est trop bête." Et sans doute une guerre est certainement trop bête, mais cela ne l’empêche pas de durer. La bêtise insiste toujours, on s’en apercevrait si l’on ne pensait pas toujours à soi. Nos concitoyens à cet égard étaient comme tout le monde, ils pensaient à eux-mêmes, autrement dit ils étaient humanistes : ils ne croyaient pas aux fléaux. Le fléau n’est pas à la mesure de l’homme, on se dit donc que le fléau est irréel, c’est un mauvais rêve qui va passer. Mais il ne passe pas toujours et, de mauvais rêve en mauvais rêve, ce sont les hommes qui passent, et les humanistes en premier lieu, parce qu’ils n’ont pas pris leurs précautions. Nos concitoyens n’étaient pas plus coupables que d’autres, ils oubliaient d’être modestes, voilà tout, et ils pensaient que tout était encore possible pour eux, ce qui supposait que les fléaux étaient impossibles. Ils continuaient de faire des affaires, ils préparaient des voyages et avaient des opinions. Comment auraient-ils pensé à la peste qui supprime l’avenir, les déplacements et les discussions ? Ils se croyaient libres et personne de sera jamais libre tant qu’il y aura des fléaux.

Page 68 : le confinement


Une des conséquences les plus remarquables de la fermeture des portes fut, en effet, la soudaine séparation où furent placés des êtres qui n’y étaient pas préparés. Des mères et des enfants, des époux, des amants qui avaient cru procéder quelques jours auparavant à une séparation temporaire, qui s’étaient embrassés sur le quai de notre gare avec deux ou trois recommandations, certains de se revoir quelques jours ou quelques semaines plus tard, enfoncé dans la stupide confiance humaine, à peine distraits par ce départ de leurs préoccupations habituelles, se virent d’un seul coup éloignés sans recours, empêchés de se rejoindre ou de communiquer. Car la fermeture s’était faite quelques heures avant que l’arrêt préfectoral fût publié et, naturellement, il était impossible de prendre en considération les cas particuliers. On peut dire que cette invasion brutale de la maladie eut pour premier effet d’obliger nos concitoyens à agir comme s’ils n’avaient pas de sentiments individuels. Dans les premières heures de la journée où l’arrêté entra en vigueur, la préfecture fut assaillie par une foule de demandeurs qui, au téléphone ou auprès des fonctionnaires, exposaient des situations également impossibles à examiner. A la vérité, il fallut plusieurs jours pour que nous nous rendissions compte que nous nous trouvions dans une situation sans compromis, et que les mots "transiger", "faveur", "exception" n’avaient plus de sens. Même la légère satisfaction d’écrire nous fut refusée. D’une part, en effet, la ville n’était plus reliée au reste du pays par les moyens de communication habituels, et, d’autre part, un nouvel arrêté interdit l’échange de toute correspondance, pour éviter que les lettres pussent devenir les véhicules de l’infection. Au début, quelques privilégiés purent s’aboucher, aux portes de la ville, avec des sentinelles des postes de garde, qui consentirent à faire passer des messages à l’extérieur. Encore était-ce dans les premiers jours de l’épidémie, à un moment où les gardes trouvaient naturel de céder à des mouvements de compassion. Mais au bout de quelques temps, lorsque les mêmes gardes furent bien persuadés de la gravité de la situation, ils se refusèrent à prendre des responsabilités dont ils ne pouvaient prévoir l’étendue.

La fin : attention divulgachage (oui, bon, spoiler, quoi !)

Du port obscur montèrent les premières fusées des réjouissances officielles. La ville les salua par une longue et sourde exclamation. Cottard, Tarrou, ceux et celle que Rieux avait aimés et perdus, tous, morts ou coupables, étaient oubliés. Le vieux avait raison, les hommes étaient toujours les mêmes. liais c’était leur force et leur innocence et c’est ici que, par-dessus toute douleur, Rieux sentait qu’il les rejoignait. Au milieu des cris qui redoublaient de force et de durée, qui se répercutaient longuement jusqu’au pied de la terrasse, à mesure que les gerbes multicolores s’élevaient plus nombreuses dans le ciel, le docteur Rieux décida alors de rédiger le récit qui s’achève ici, pour ne pas être de ceux qui se taisent, pour témoigner en faveur de ces pestiférés, pour laisser du moins un souvenir de l’injustice et de la violence qui leur avaient été faites, et pour dire simplement ce qu’on apprend au milieu des fléaux, qu’il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser. Mais il savait cependant que cette chronique ne pouvait pas être celle de la victoire définitive. Elle ne pouvait être que le témoignage de ce qu’il avait fallu accomplir et que, sans doute, devraient accomplir encore, contre la terreur et son arme inlassable, malgré leurs déchirements personnels, tous les hommes qui, ne pouvant être des saints et refusant d’admettre les fléaux, s’efforcent cependant d’être des médecins. Écoutant, en effet, les cris d’allégresse qui montaient de la ville, Rieux se souvenait que cette allégresse était toujours menacée. Car il savait ce que cette foule en joie ignorait, et qu’on peut lire dans les livres, que le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais, qu’il peut rester pendant des dizaines d’années endormi dans les meubles et le linge, qu’il attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses, et que, peut-être, le jour viendrait où, pour le malheur et l’enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse.

Et pour lire l'intégralité du roman, gratuitement, allez sur ce lien : Albert Camus, La Peste

dimanche 15 mars 2020

Les bons ouvriers, les bons outils, blablabla...

Vous l'aurez constaté, la situation que nous vivons en ce moment est inédite. Elle a surtout pour principale caractéristique d'évoluer d'heure en heure, nécessitant une adaptation constante.
C'est pourquoi j'ai décidé de réactiver ce blog afin de centraliser nombre d'éléments et notamment les outils numériques que j'utilisais déjà depuis longtemps.
Mais en attendant, et afin de vous aider à préparer votre environnement de travail, je vous propose de regarder cette vidéo qui vous explique l'influence des couleurs sur notre état d'esprit :

Et afin de l'accompagner, voici 4 fonds d'écran (réalisés par mes soins et donc complètement discutables) à télécharger si vous le souhaitez :


Et ce dernier (chouchou de Mme Kaloustian 😉) :

Bon dimanche.